PRESENTATION ET BILAN DE L’ACTION MENEE EN 2011

 

Parce que l’indépendance c’est d’abord vivre sans dépendance

projet de prise en charge d’un groupe de patients addicts sur un CSAPA intégrant une activité sportive et la participation à une compétition officielle

Introduction

 

« C’est l’histoire d’un rêve, d’un petit bout d’espoir planté dans le creux d’une main tendue vers l’envie de changer.

 

C’est l’histoire d’une victoire, l’histoire d’un groupe de patients autour d’un groupe de soignants, autours du CSAPA ( centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie) d’Aulnay sous bois ou peut-être est-ce l’histoire du CSAPA autour d’un soignant, autour d’un patient. »

 

Comme une passion que l’on arrive à changer en rêvant.

 

 Pourtant au départ, il en fallait de la folie pour penser que ce petit bout de rêve pouvait devenir une réalité

 

 Assis autour d’une table il y a plus d’un an et demi  déjà (en 2010), les intervenants du CSAPA d’Aulnay-Sous-Bois, le président de l’association CERCA (cercle d’étude et de réflexion sur les conduites addictives) et quelques patients se réunissaient pour bâtir un projet, un projet original, autour d’une idée simple qui impliquait  ensemble patients et soignants

 

C’est  d’ailleurs la première originalité de ce projet :

            -:une vision participative aussi forte des deux composants soignant et soigné ,  mais avec un but grand , grand comme le sont nos patient .

 

Vous savez les idées les plus petites sont parfois les plus grandes au bout du compte.

 

Cette idée au départ, elle était simple.

 Nous savions l’intérêt du sport dans la prise en charge de nos patients.

Nous savions l’importance de buts , d’objectifs pour briser  l’espace d’un instant l’éternité de l’abstinence si difficile à percevoir et à comprendre pour nos patients

 

Mais il fallait aussi humaniser la prise en charge médicale et faire du patient un élément moteur plus fondamental dans sa prise en charge, non pas tant inverser les rôles mais mettre réellement le patient au centre de sa problématique et de sa prise en charge.

 

Ce projet c’est dessiné autour d’ une vision addictologique généraliste.

 Il était hors de question de séparer les patients en difficulté avec l’alcool, des fumeurs, des héroïnomanes ou des cocaïnomanes.

 

Le but  secondaire étant de  modifier les représentations auprès de la population (spectatrice de la course ou présent lors des entraînements) cela  rendait  quasi obligatoire cette vision addictologique généraliste  de notre projet notamment en permettant d’édulcorer les a priori  dont on connaît la violence extrêmement négative  en ce qui concerne les produit tels que l’alcool, l’héroïne, la cocaïne.

 

La vision de la population étant contre balancée par un regard plus paternel vis-à-vis d’autres toxicomanies moins destructurantes, socialement peut être comme le tabac ou la prise de médicaments ou  de cannabis.

Présentation du projet

Ce projet c’est écrit  non pas comme un drame ( la maladie , le traitement, la rechute) en trois actes mais plutôt comme une comédie ( lié au coté ludique du vecteur choisit ici le sport d’endurance) en trois parties (préparation, entraînement, course) pouvant être intégrées à nos trois phases classiques en addictologie: motivation, arrêt et accompagnement.

 

Ce projet tient sa puissance de la notion claire :

            -de respect de l’individu,

- de respect du patient, du soignant, et de son entourage (puisqu’il a été intégré au projet comme un élément moteur indéniable de soutien dans le  groupe)

            -  Mais également aussi la vitalité liée à la notion d’équipe.

 

Si l’on fait un parallèle entre le monde de l’addictologie et le monde sportif, on pourrait comparer l’équipe sportive à un groupe de parole, un groupe d’entraide, avec des valeurs plus positives : le partage de la difficulté lors de l’entraînement valorisé par le résultat et les progres sportifs enregistrés par le coureur

.

 En fait, nos entraînements ressemblaient forts à des consultations de groupes avec cette spécificité liée à une vision toujours extrêmement positive de la progression de l’individu dans son combat

 Combat qu’il mène avec excès parfois,  mais le sport et l’endurance sont en cela des marqueurs intéressants apprenant aux patients à minimiser sa vision de toute puissance intimement inhérente à la majorité de nos personnalités addicts.

 

L’intérêt d’une programmation dans le temps, indépendamment de casser cette notion  d’éternité liée à l’abstinence à pour but  de briser   le  côté sans cesse récurrents des mêmes  buts  à atteindre.

 Ici l’objectif est nouveau différent est n’est pas nécessairement reconductible et « eternellement fixé

 

 Le choix du 10km, course symbolique, au combien, par sa durée (peu de personne peuvent concevoir courir un 10km sans trop de difficulté), est aussi un choix intéressant de par sa notion inhérente de difficulté qui n‘est en fait qu’apparence

 

Difficulté apparente lié a l’impression fausse d’une incapacité  sportive d’un individu de 35, 45, 50 ans voir même 60 ans a pouvoir  s’entraîner (en dehors de contre-indications médicales  à la pratique du sport, bien sûr, ) afin d’obtenir dans un délai relativement rapide, de l’ordre de 10 à 12 semaines, la capacité de s’aligner sur un 10km et d’avoir de réelles chances de la terminer avec succès et dans des temps non ridicule

 

 N’oublions pas que la dernière facette de notre projet est de se servir de ce 10km pour modifier les représentations et de permettre à la population d’avoir un regard beaucoup plus positif sur ces patients

Cette idée reprend le concept d’équipes s’inscrivant a des courses d’endurance pour soutenir des association de  lutte contre la maladie.

 

Tout le monde connaît les maillots roses d’Odyssea (symbolique du cancer du sein), notre projet quelque part est de remplacer ces maillots roses par les maillots verts du monde addictologique.

Le choix de la couleur étant plus dans la provocation que dans « l’actionne » sous-entendant  que le vert est la couleur de l’espoir, bien que celui-ci  convient   bien aussi à notre projet.

 

Ce projet ne se conçoit bien évidemment qu’avec une application pleine et entière de l’ensemble de l’équipe médicale du CSAPA y compris dans sa capacité en plus de ses compétences médico-psycho-sociales à avoir des aptitudes  physiques et sportives non pas forcément surnaturelles mais au moins du niveau des patients puisque le travail d’accompagnement, les modifications du comportement, la réflexion sur la toute puissance, l’apprentissage des limites, le respect de son propre corps sont travailler par l’équipe tout au long des entraînements

 

 Le chef de projet (simple émanation du groupe de travail, n’oublions pas la notion participative du patient à ce projet) responsable  du CSAPA dans cette expérience  devient  le coach durant les phases d’entraînements

Il reste  la seule personne gardant une certaine distance et se positionnant clairement, les intervenants du CSAPA étant en quelque sorte des participants comme les autres.

 

Cette décision et cette optique voulue  de notre projet valide  aussi la capacité d’une équipe médico-psycho-sociale a accompagner jusqu’au bout, dans leur parcours nos patients en difficulté en intégrant pleinement le patient dans sa prise en charge et dans son implication dans la vie de la structure (une sorte ersatz de conseil de vie social.)

 

Le mot parcours ayant aujourd’hui et sur ce projet-là un double  sens parcours de vie, bien sûr, mais parcours de course.

 

 Il est bien évident que l’entraînement en dehors d’un programme sportif spécifique est centré sur des débriefings réguliers en fin de course dont l’objectif est de  toujours mettre en parallèle les difficultés physiques, psychiques liées à l’entraînement aux mêmes types de difficultés rencontrées tout au long de leur cheminement  addictologique et de leur chemin thérapeutique.

 

 De ce point de vue, la création d’un blog permettait aussi de retranscrire chaque soir autour de quelques images prises lors de l’entraînement les grands thèmes de ces discussions post entraînement. réflexion découpant semaine après semaine les grandes phases de notre projet :

-Travail sur la motivation,

-travail sur la rechute, sur l’échec,

            -travail sur les limites,

- travail sur la toute puissance,

            -travail sur la perception et  l’acceptation de ses propres limites.

Déroulé du projet

 

Chaque semaine le programme était détaillé  comme suit

 

Première semaine :L’importance de la présence du premier pas

Les premiers pas sont souvent les plus importants, parfois teintés de certitudes, d'autres fois d'inquiétudes  mais en tout état de cause ils sont le début d'une réalisation et la preuve que notre parole est d'importance à tout le moins sous le feu de notre propre regard.

 Ce soir nos petits pas étaient plutôt de petites foulées et pour une première, nous avons eu de bonnes surprises. 

 

Nous étions une vingtaine  prêt  à s'élancer sous notre bannière, fier étendard de nos certitudes et nous avons su être prudents.  20 minutes ce n'est pas rien  

Marcher ou courir l'important était dans notre présence et dans le respect de notre objectif du moment : "égrener doucement ces petites secondes parfois bien longues qui ont tricoté notre premier but  20 minutes d' effort "

 

Bilan de la première semaine

Cette  première semaine a déjà apporté un certain nombre de vérités dont certaines sont un peu douloureuses pour notre équipe Les points forts concernent l'engagement des coureurs présents et leurs capacités à être à l'écoute

Les anciens de 2010 sont également un apport très intéressant dans la capacité qu'ils ont à tempérer les ardeurs des nouveaux

Le grand point faible est lié à la difficulté de respecter son engagement Un certain nombre de coureurs ont déjà trébuché, leur absence montre les progrès qu'ils doivent faire dans l'apprentissage de l'échec, la confrontation à la réalité donc la validation de leur motivation 

 On a pas de pire ennemi que soi même en addictologie  Notre parole n' a d'importance que si on est le premier à la respecter

Pour finir sur une note optimiste j'ai été impressionné par l'envie et la force de caractère de beaucoup d'entre vous

Ce projet est difficile il nous montre dans un premier temps plus nos faiblesses que nos forces Mais nous ne pouvons grandir qu'en acceptant nos lacunes (nombre d'entre vous me l'on prouvé cette semaine) et pour plagier Napoléon je dirais : " coureurs je suis fier de vous cette première semaine est votre soleil d'Austerlitzvous pourrez dire j'y étais  et vous verrez dans le regard de l'autredu respect"

2ème semaine :

 Il faut déjà se remettre en cause après l'euphorie des premiers jours il faut savoir poursuivre le combat

Chaque semaine verra son lot de difficultés, de plaisirs mais aussi de récompenses Bien gérer son entraînement physique pour ne pas atteindre trop vite ses limites c'est fondamental mais il est tout aussi important de préparer votre cerveau à l'effort

Quoi faire pour cela , vous le savez , votre combat contre l'addiction vous a préparé  à ce nouveau challenge il faut habituer votre cerveau à des situations variées pour qu'il soit mieux armé pour gérer vos difficultés lors des entraînements puis lors de la course

 Pour cela plusieurs petits conseils peaufinés par votre coach vous aideront:

            -Il faut rester concentré sur son objectif

            -il faut savoir se faire un peu mal ( juste un peu, l'excès en toute chose nuit )

            - il faut savoir anticiper ( savoir varier le rythme pour éviter la lassitude, dérouiller vos jambes avant la crampe, retrouver votre respiration avant que celle ci vienne à vous manquer )        -Il faut vous servir de vos émotions le bonheur égale la performance ( pensez à des joies simples, des événements heureux , c'est finalement  ancré en soi un moment intense qui vous servira à pallier vos difficultés du moment )

            -Il faut se servir de vos valeurs  pour optimiser vos entraînements en vous demandant en quoi ce projet vous rend plus libre  (autonomie, sécurité, loyauté, respect, intégration)  à chacun de s'appuyer sur ses valeurs qui vous permettront d'aller plus loin

 

Le sens de notre projet finalement est la  dans la gestion de nos émotions et nos valeurs

Le sport, l'entraînement ne sont que le support de notre amélioration psychologique

Ce 10 km doit vous servir à trouver vos valeurs à vous accepter à positiver vos émotions Tout simplement a être fier de vous

Troisième semaine  : je me forge un mental d’acier

            -En étant prêt à affronter toutes les situations de course (même celle ou le coach est absent)

            -En ne laissant pas la fatigue s’installer Avec de la récupération (on va plus ou moins vite), Des bons dodos,  Du sel et du piment  (On change de lieux d’entraînements venez le samedi, On change de groupes de courses pourquoi ne pas essayer les tacots)

            -En apprenant à profiter du bon stress qui fait avancer et à éviter le mauvais qui paralyse

Un stress bien dosé peut vous servir, à l’inverse même lorsqu’on est bien préparé à affronter une difficulté on peut perdre une grande partie de ces moyens a cause d’un stress mal gèré, en course à l’entraînement comme dans la vie  Il faut donc savoir dissocier le bon du mauvais stress  

-La motivation, l’excitation sont plutôt des bons signes

-A l’inverse se laisser déborder par ses émotions sera précurseur de difficulté

 En entraînement cela s‘appelle une contre performance,  dans la vie je vous laisse deviner

 

Bilan de la troisième semaine Quelle semaine! Bravo à tous Le coach est fier de vous tous Quelle progression, nous sommes à 50 minutes d'efforts

Vous avez été grand Que dis-je : grand ! Vous avez été sublissimes

Nos nouveaux encadrants ont fait plus que vous épauler, ils vous ont montré la valeur de votre projet.

Notre équipe cette semaine est vraiment une équipe, cela en est fini de la ménagerie et même si certains nous ont abandonné, les canards les lièvres et les tortues ( surnom donné aux coureurs rapides , lents ou aux marcheurs) font front ensembles. Notre infirmière a bien mérité sa semaine de repos ; nous attendrons son retour et ses discours flamboyants avec impatience. Notre secrétaire quant à elle, a le triste privilège de ne pas prendre de vacances il faut bien quelqu'un pour nous compter, nous chouchouter et nous hydrater (et même le samedi nous alimenter )

 Quelle semaine Encore beaucoup d'émotions sont à venir  Votre coach est impatient

Quatrième semaine : travail sur la motivation

Nous entrons déjà dans la quatrième semaine  d'entraînement

Déjà un tiers du programme réalisé. L'excitation du début s'estompe.

Des questions quant à notre capacité à nous mobiliser commence à poindre dans notre petit cerveau.

Encore six semaines avant le grand jour, c'est loin, très loin,  une éternité.

Le découragement accentué par la fatigue et par les petits bobos (douleurs aux jambes, au dos, crampes) commence à grignoter notre motivation.

Et pourquoi je ne prendrais une petite journée de récupération, juste une, après je me réattelle à l’entraînement, je suis fatigué, j'ai bien le droit,  ce n'est pas grave,  personne ne le verra, et puis les autres eux ils le font bien, pourquoi pas moi,  juste une petite pause,  rien qu'une, ce n'est pas... jusqu'a présent j'ai toujours été là, j'ai mal partout,

 Ce petit discours ne vous rappelle rien? Et oui cette petite chanson vous la connaissez bien. alors C'est maintenant qu'il va falloir être fort s'accrocher à : - son objectif , - son projet , - son ambition on le fait pour nous pas pour les autres pour se respecter

Et puis en trois semaines on a déjà fait des trucs, on court plus longtemps, finalement on a pas si mal que cela si l'on est à l'écoute de ses propres limites on est même bien après les entraînements, détendu sans avoir besoin de "recette magique" ( vous savez les potions magiques) on est même moins stressé

En un seul mot on se motive

 

Bilan de la quatrième semaine

 La semaine fût chaude très chaude  à tous points de vue: un climat à faire fuir les joggeurs contrebalancé par une pluie de records le tout saupoudré d'une ambiance chaleureuse

Nous respectons à peu près notre cadence d'entraînement environ 1 heure pour tout le monde  (d'effort) l'apprentissage des fractionnés c'est très bien passé pour l'ensemble des coureurs (certains ont même trouvé cela amusant, ils deviennent fous!)

Quelques déceptions bien sûr (sportives et d'engagement personnel), des jours sans, des rendez-vous manqués Mais on avance néanmoins tranquillement

Cinquième semaine : Travail sur le déni -Comment éviter de se mentir à soi même

 Lien entre son comportement à l'entraînement et son comportement addict

  • Niveau I : «je n’ai  Pas de problème avec le projet  »

Le coureur  à ce niveau dénie tout problème émotionnel ou physique

Il n’existe aucun impératif de changement car, de son point de vue, « rien ne va pas ».

Le sujet des difficultés liées à l’entraînement (retard, absence ) n’est pas abordé spontanément et le coureur apparaît défensif et embarrassé lorsqu’il est évoqué.

Interrogé, il dit que l’entraînement, l’ensemble du projet est facilement contrôlé, peut être récréatif et n’affecte en aucune manière son fonctionnement

Il peut rapporter des épisodes au cours desquels il a eu quelques difficultés pour différentes raisons mais il gère sans problème

. Dans tous les cas, le coureur n’a rien à dire  et ainsi, le coach a le sentiment de n’avoir rien à proposer pour améliorer l'entraînement ou l'engagement du coureur dans le projet 

  • Niveau II : «Un problème, vous croyez coach? NON ... »

Le coureur à ce niveau va rester dans un déni actif de tout problème lié à l’entraînement ou a son implication dans le projet  Mais il peut spontanément évoquer un problème de nerfs, de dépression, de travail, de santé, de circulation , de douleurs, de fatigue, de chaleur etc…  se sentir "incompris " si on ne prête pas attention à ses difficultés ou se sentir "diffamé" s’il est rapporté à son manque de motivation

D’un autre côté, le coureur peut manifester quelques inquiétudes sur le fait que sa forme physique, sa capacité à tenir le projet pourrait être une préoccupation  et il existe quelques indications de bonne volonté de participer dans le processus d’écoute et d’adaptation de ses capacités du moment à sa forme actuelle

 

Bilan de la cinquième semaine

 Nous sommes à mi parcours Quelle semaine  Que d'émotions Nous sommes passés du froid au chaud à mesure que le temps passait lui,  du chaud au froid Ce n'est  certes pas la semaine des records comme la semaine dernière ou vous avez tous brillé avec en point d'orgue le record de patricia  sur une course hautement symbolique les 10km odyssea ( vous savez la course des maillots roses) comme un rappel à notre projet nous les " verts fluo "

Non pour nous cette semaine a été une semaine de records , mais de records d'émotions Avec les doutes d'Olivier et son retour gagnant hier Les blessures morales de Maria quelle a relevé avec brio La présence de Nathalie toujours combattante Le retour de blessure de Max Julien le coucou de Laurent sous infiltration mais avec un grand sourire le sourire de Suzanna ( la nouvelle Suzanna) Samuel et Patrick s'entraidant Laurent et son désir de vaincre dans la douceur toujours un tout petit peu plus vite( ceux qui tentent de le suivre savent de quoi je parle)

 Emotions aussi devant Annie et Nadia brandissant toujours fièrement notre étendard Emotions avec la nuit tombante sur le stade mais le soleil au zénith de nos performances, Florian, Mohamed , Ahmed, Bernard, Nadia, Annie, Alain et j'en passe ( surtout Cédric notre jet ) on ne les arrêtent plus 

 Un soutien familial se renforçant, montrant l'importance du regard de nos proches dans notre combat

 Emotions aussi devant nos rangs un peu clairsemés mercredi,  nous rappelant la difficulté de notre objectif le combat est rude et certains d'entres nous ont montré leur faiblesse ( la pire des faiblesses étant de se mentir à soi même)

Mais cette semaine a été aussi la semaine des certitudes, des rebondissements, des courses folles de certains, des retards d'autres mais qui s'accrochent jusqu'au bout sous les encouragements des premiers arrivés

Semaine de plaisirs sportifs  bien sûr , mais   aussi culinaires  Certes nous sommes habitués maintenant au grignotage salé du vendredi soir Mais le samedi midi atteint des sommets dans l'art de la cuisine Patricia et Nadia rivalisent d'audace

 A l'audace voila un mot qui vous résume bien vous savez que je suis un grand plagieur alors c'est sans honte que je vais plagier Danton de l'audace, toujours de  l'audace,  encore de l'audace et nous vaincrons

 Votre courage est certain, il ne vous manquait que l'audace pour aller au bout de vos rêves  cette audace vous la construisez à chaque foulée émotions audace courage voilà les trois mots de cette semaine

Sixième semaine : Pour réussir il faut savoir appréhender l'échec

Ou comment travailler son abstinence en face de la peur de la rechute

 

En sport, en endurance surtout il faut savoir affronter l'échec (le jour sans, la contre performance) en addictologie on appelle cela la rechute

 Pour apprendre à gérer cette situation (les marathoniens la connaisse  bien, vous savez le fameux mur :  le mur du trentième kilomètre  ce moment où toute force vous abandonne , où vous vous demandez pourquoi vous êtes là)  Donc, je disais pour apprendre à gérer cette situation ressentie parfois comme  douloureuse et pouvant remettre en cause nos objectifs il faut qu'elle soit travaillée en entraînement

Ainsi un entraînement facile, trop facile, ne vous prépare pas à la dure réalité de la course ( n'ayez pas peur je force le trait pour la compréhension un 10 km n'est pas un marathon , vous ne connaîtrez pas le mur,  mais peut être un petit frisson de doute)

A l'opposé vouloir courir un 10 km à chaque entraînement comme si c'était une compétition vous épuisera trop vite et ne vous fera pas progresser

 En sport ces entraînements trop intensifs finissent par des blessures

Dans la vie en addictologie, la sanction est plus rude (vous la connaissez tous) Encore une fois la vérité est entre ces deux opposés (tout ça pour vous dire que les médecins addictologues n'aiment pas les extrêmes)

Pour gérer une contre performance, il faut s'y préparer le "je suis sur de moi " ne marche pas en endurance

Vous savez bien qu'il en est de même en addictologie quelque soit le produit cela s'appelle la toute puissance (le fameux, je gère Docteur)

La certitude de la réussite est en fait en addictologie comme dans les sports d'endurance une option sérieuse susceptible de vous mener tout droit à l'échec

la confrontation à la difficulté et son apprentissage  sont au contraire le garant d'une vrai réussite

 

Bilan de la sixième semaine


Que la semaine fut Belle Que la semaine fut cruelle

Belle dans:- la poursuite de l’effort, -la progression constante de nos coureurs, -la valorisation de leurs efforts -La constance de leurs présences -La réussite de l’osmose entre les anciens et les nouveaux coureurs (voir ainsi Alain, jean et Samuel pour ne citer qu’eux soutenir épauler aider les nouveaux coureurs est à elle seule une véritable consécration pour le projet en montrant la valeur de l’entraide le soutien de l’expérience

Mais aussi l’acceptation par nos « bleus »de se soutien bienveillant

Autre regard autre support venant accentuer celui   des soignants (vous savez ces deux jeunes femmes souffrant avec vous sous le regard «  cruel «  du coach sans pitié)

Cette semaine est belle aussi par l’implication et la poursuite du soutien des familles spectateur ou même coureur c’est un plus indéniable, rajoutant une petite touche à notre projet Sans parler du plaisir et de l’aide apporté par une nouvelle composante de notre projet en 2011 l’apport de « vrais coureurs » (je le mets entre guillemet parce qu’il ne faut pas exagérer ce ne sont pas des pros taillés pour les records) Ainsi jean marc et pierre apporte un autre regard, une autre touche différente mais extrêmement valorisante pour nos coureurs

 

Cruelle oui cruelle, la semaine l’a été le monde n’est pas monochrome et cette semaine a vu aussi notre lot de souffrance et d’interrogations s’accroître Notre infirmerie ne cesse ainsi de ce remplir: Laurent, a vu arriver kouider, Patricia, Ahmed et Annie quatre nouveaux blessés

A ce sujet je vous fais remarquer que l’équipe du CSAPA est sur tous les fronts l’année dernière c’est le coach qui s’était blessé cette année  notre infirmière c’est dévoué infirmière remarquable, irremplaçable, sa voix va manquer au coureurs Mais elle reviendra ils reviendront

 Ne l’oubliez pas notre projet est ,un peu, un résumé de votre parcours addictologique les moments de déception doivent être surmontés La force de votre « envie » la réalisation de votre objectif de vie est dans l’acceptation de ces difficultés (le roseau plie mais ne se brise pas et relève la tête après chaque bourrasque)

Cruelle encore, plus cruelle cette semaine le fut par l’accentuation de nos coureurs en difficultés

Qu’il est dur ce regard celui que l’on porte sur soi il est parfois plus blessant que le regard de l’autre L’abandon n’est jamais la solution c’est au contraire dans ces moments de doute que l’équipe et le soutien ont leur importance il n’y a pas pire défaite que celle qui fait de vous un solitaire

Septième semaine : Travail sur la revalorisation  de son entraînement et sa capacité à se projeter  sur l’aboutissement de son objectif 

 Ou comment lier le temps qui passe et le maintien de sa motivation  et de sa mobilisation dans son nouveau comportement vis-à-vis du produit


En endurance on le sait la théorie de la relativité du temps chère à Einstein est validée par nos séances de fractionnés Vous savez ces petits moments de nos entraînements où le coach vous demande d’augmenter votre vitesse sur une distance donnée entrecoupée d’une phase de décontraction d’une même durée

Ces moments où le temps passe plus vite au repos et semble s’éterniser pendant l’effort

En addictologie aussi le temps est affaire de sentiments et de moments et parfois il s’étire trop lentement effritant notre désir de maintenir notre position face au produit

Le temps passé à se maintenir semble souffrance et semble nous donner droit à une petite récompense

En endurance trop d’entraînement semble ainsi appeler au repos du guerrier

Nous sommes dans les dernières semaines mais finalement c’est le moment le plus difficile Nos jambes nous font mal Nos corps crient sous les kilomètres parcourus Nos efforts semblent ne pas porter leurs fruits Les blessures arrivent Les abandons aussi

Ou trouver la force de continuer

En valorisant tout ce que l’on a déjà réalisé On court plus vite On s’entraîne plus longtemps On respecte ses engagements

Finalement on  a pas si mal que cela Et puis on connaît des petits bouts de bonheurs des courses qui font moins peur

En se souvenant aussi de la maladresse de nos premiers pas de nos premières suées aujourd’hui bien loin Mais aussi en étant capable de se projeter vers un but symbolique, accessible qui n’est pas une fin en soit mais une étape importante, un début en somme

 Dans le cadre de notre entraînement c’est le 10km

Pour notre projet c’est bien plus en fait C’est comme se réveiller et retrouver ses esprits  changer son regard d’une image dévalorisante a une image positive

Un peu comme si on se posait cette question Où est mon esprit ? Où est ma vie ? Je perds l’esprit Je perds la vie Je perds mes pas Je perds mon souffle Je m’étouffe J’oublie ma voix Les vapeurs d’alcool A ma peau colle La seringue Me rend dingue le cannabis me met au supplice J’oublie dans les nuages Je me perds dans les ombres de fumée Comme un naufragé J’oublie ma rage un rail une paille je déraille Je perds l’esprit Je perds ma vie Oublie Rêveries Duperies Je nage Dans les brumes d’un mirage Où est ma vie Je perds l’esprit  MAIS Je retrouve mon pas Je retrouve mon souffle Je soulève ma carcasse Avant qu’elle ne trépasse Je brise mes rêves Je casse les digues J’efface la fatigue J’avance En transe Je vis ma vie J’oublie l’oubli Mes jambes me portent Sans le moindre effort Je franchis chaque porte Pour détruire mes torts Je retrouve ma vie Je retrouve mes esprits ma vie

 

Bilan de la septième semaine 

 Entre pluie et froid cette semaine a encore été belle Avec le retour de nombre de nos blessés : Ahmed , Patricia, Annie, Max-Julien, Laurent , Jean , Kouider sont revenus arpenter le stade avec plaisir

Plaisir partagé par le reste de l’équipe, même s’il faut parfois rappeler les blessés à l’ordre «  qui avance doucement ménage sa monture » Mais c’est une telle émotion de les revoir que même le coach a du mal à les freiner

La progression a encore été nette cette semaine avec Florian, Cédric, Suzanna capable de goûter aux joies des long fractionnés (400 mètres à vitesse « ultra-speed ») sous le contrôle du coach de Samuel et Jean-Marc

Et toujours présente plus volontaire que jamais notre chef des marcheurs : Arlette qui a vu souvent s’agrandir son petit groupe? soutenant plus souvent qu’a son tour des retours de blessures encore un peu limite ( Jean, Max-Julien et Nathalie ) Maria quant à elle s’étonne elle-même : les mètres s’ajoutent au mètres et font des kilomètres On se souviendra aussi longtemps d’Alain G. la veille de son départ recouvert d’une quinzaine de couches de vêtements mais venant soutenir l’équipe par ce mardi pluvieux Nathalie aussi en colère se faisant violence pour courir, essayant de retrouver l’envie d’avoir envie, sa confiance est dans l’équipe plus que dans son propre regard ; le chemin reste long  Que dire aussi d’Alain M. de retour des Antilles passant de plus de 30 ° à un petit 10° mais enchainant avec nous les rondes Cette semaine froide et grise a été aussi ensoleillée par le retour de Stéphane et ses premiers tours de stade, la rage au coeur à défaut de l’avoir dans les jambes Encore fragile, il avance néanmoins, respectant ses propres objectifs

Je pourrais citer mille exemples, de ces petits moments de progrès, de plaisir, d’entraide et de soutien Je ne compte plus ainsi les coureurs qui au top départ prennent exemple sur Samuel et font démarrer leur chrono ( de vrais pros je vous dis) Les paris lancés aussi par Jean Marc sur le temps futur de Pierre ( entre 4h15 et 4h32 )

 Ces petits moments de partage nous font grandir sur le plan sportif mais aussi sur le plan addictologique et c’est tout le sens de notre projet

 Un dernier souvenir de cette semaine me revient Vendredi soir Florian arrivé un peu en retard voit s’arrêter un à un tous les coureurs, que nenni lui continue il doit faire comme les autres ses 50 minutes Devant une telle volonté je l’accompagne et j’enquille avec lui les tours d’anneau ( mine de rien, avec lui, vu ses progrès cela commence à faire) et à chaque tour nous avons le plaisir de voir tous les autres coureurs ( buvant la soupe chaude de notre secrétaire) nous soutenir c’était une belle image une des nombreuses images de la semaine

Huitième semaine :  

Que nous reste-t-il à apprendre ?,

 

Finalement peu de chose

Nous avons nos maillots  verts fluo Nous avons le courage cheville à la peau Nous avons appris la motivation Nous avons appris la passion Teinté d’un zeste d’émotion Non pas la passion de courir Mais un peu celle de sourire Nous avons appris les doutes Les entraînements que l’on redoute Nous avons appris les progrès Les pas qu’il faut pour avancer Ceux qui font parfois reculer Nous avons appris la patience Ou tout du moins essayer Nous savons qu’il faut se soutenir Nous savons qu’il faut parfois en rire Pour pousser un peu plus loin l’espérance Pour toujours avancer Nous n’avons qu’un seul objectif A notre actif Celui d’être fier Fier de nous Fier au travers de notre regard Fier sans fard Sans faux espoir Sans peur Et sans douleur

 

Chaque course Sur cette route Nous rapproche un peu De notre envie d’être Notre envie d’être nous Sans nous grimer de bien pales atouts Sans rien d’autre que nos désirs En gommant nos excès En fatigant notre cerveau blessé Pour que les autres croient en nous Il faut d’abord croire Croire en un espoir L’espoir d’être à l’arrivée Ou tout du moins l’espoir d’essayer

La victoire n’est belle que lorsque l’on est debout La victoire n’est belle que lorsqu’elle est sans tabou

Alors jetons au feu nos bouteilles vides Gommons de notre passé les rides Effaçons jusqu’ à la piqûre de nos plaisirs fanés Brisons là cette vaine seringue et avançons Soyons là Juste là Pour ne plus reculer Les faux espoirs Cachés dans les fumées d’un pétard Ont un arrière goût de désespoir La nuit n’en reste pas moins noire Nos angoisses Nos peurs qui nous collent, la poisse Ne s’efface pas Avec ces illusions là Ne déraillons pas La coke ou le crack Ne sont qu’un faux deal, une arnaque La poussière d’ange Curieux mélange Vrille nos pensées Sans rien en apaiser Nous laissant seul Eternellement seul

Alors il vaut mieux courir Pour un instant Pour un sourire Pour qu’existe demain Pour qu’on le façonne de nos mains Pour que cesse notre errance Et que débute notre délivrance

 

Bilan de la huitième semaine

Les semaines passent les unes après les autres et je suis chaque fois étonné de votre constance De vos progrès de votre capacité à réagir et à vous investir toujours plus

Certes certains ont abandonné , nous ne pouvions espérer de vous avoir tous au bout du projet  Mais chacun d’entres vous a donné à cet objectif commun , une force et une vitalité que d’aucun nous envierait

 Cette réussite est la votre , celle d’une équipe où se cotoie tant de diversité qu’elle en accroît sa richesse Finalement le mot qui vous représente le plus est le mot soutien Je pourrais citer mille exemples de ce soutien mutuel ou chacun apporte à l’autre la pierre qui lui manque Patricia épaulant Suzanna, kouider et Francois ensemble s’accrochant pour gagner quelques minutes, Laurent rejoignant Florian pour le pousser vers son record Samuel discutant longuement avec Stéphane sur le bord de la piste Arlette et Nathalie partageant leurs difficultés, Maria se surpassant pour dynamiser les marcheuses Ahmed surprenant ses enfants dans une ronde sans fin ou s’égrènent les kilomètres, Laurent , Bernard, Isabelle, je pourrais tous vous citer et rajouter des dizaines de perles de soutien , un mot, une phrase, chacun de ces petits gestes construisant notre équipe votre équipe

 Alors j’ai fais un rêve j'ai fais un rêve cette nuit Comme Un espoir pour nos vies J’ai rêvé d’un maillot vert Qui réchauffaient leurs cœurs de pierres Qui changeait tout Jusqu'à leur regard sur nous J’ai rêvé de la force de votre équipe Faisant exploser les préjugés Cimentant autour de vos efforts Une image plus belle La seule image qui vaille Celle de votre courage Celle vous montrant hommes et femmes ensemble unis pour changer Faisant fi de nos différences Mais riches de notre diversité

Neuvième semaine


Semaine un peu spéciale à plus d’un titre D’abord parce que nous sommes des grands paresseux et que nous refusons de courir un jour férié, je sais cela est scandaleux, mais c’est ainsi Les entraînements auront donc lieu cette semaine le mercredi, jeudi, vendredi et samedi à bon entendeur salut ( ce fut quand même une décision collégiale)

Deuxième point nous sommes à J moins onze jours et cette semaine va être importante dans le cadre du montage des stratégies de course Qui va courir, Qui soutiendra, Qui accompagnera, c’est un moment important, certes pas pour nous car : Notre engagement n’est pas dans la réussite de cette journée (quoique) mais surtout dans notre investissement durant ces neuf semaines d’entraînements cela est votre victoire, la seule qui compte aux yeux de l’équipe

 

Mais pour le CSAPA et pour l’image que nous voulons donner de nous, cette journée est primordiale

C’est elle, c’est par elle  que nous tenterons  de modifier le regard de l’autre De faire de vous, de nous, des malades comme  les autres se prenant en charge, s’assumant pleinement

J’irais plus loin même, des citoyens comme les autres s’intégrant au monde sportif, associatif de notre ville, bref au  tissu social de notre société (arrêtez moi, je deviens un peu voir beaucoup trop grandiloquent avec une touche de politique, mais cela est important aussi) C’est le message que nous voulons donner aux autres, C'est le "plus produit " de notre projet , loin d’être le plus dur d’ailleurs même si nous ne sommes pas des spécialistes de la communication (vous savez ce coté un peu introverti, cette carence de parole que nous avons tous, nous bloque un peu lorsqu’il s’agit de parler) Il faudrait être Napoléonien dans notre capacité à communiquer

Nous essayerons donc  de faire de notre maillot vert  un symbole de fierté et d’entraide aussi fort que le maillot d’odyssea (vous savez le maillot rose

) Et peut être un jour nous aurons nos courses  que nous ouvrirons aux autres et nous changerons les mentalités, les idées pré-conçues de notre société

 Enfin dernier point il va falloir continuer à s’entraîner, ce n’est quand  même pas le moment de flancher

Donc comme chaque semaine préparez vous à courir au moins trois fois une heure, soupoudrée d’un peu de fractionnés pour faire bonne mesure, mais attention sans forcer, les records ne sont pas, ne sont plus d’actualité, il faut aller au bout, nous avons tous besoin les uns des autres

 Car Coureurs vous êtes fatigués, peut être épuisés même ; le coach vous doit beaucoup, il ne peut plus rien vous donner. Votre patience, le courage que vous montrez au milieu de ces tours de piste sont admirables; mais ils ne vous procurent aucun plaisir, aucun éclat ne rejaillit sur vous. Je veux vous conduire dans le plus beau 10 km du monde 

 De grands tours vous attendent (plus de trois kilomètres), de grands moments sont à vivre, vous y trouverez honneur, gloire et fierté

Coureurs aux maillots verts  manqueriez-vous d’entraînements ou d’endurance 

  Coureurs, vous avez en neuf semaines remporté la victoire, couru plus de 20 fois, transpirés plus qu’à votre tour, plusieurs records sont tombés, conquis les plus durs des fractionnés, vous avez fait plusieurs dizaines de kilomètres. Vous n'avez jusqu’ici couru que des entraînements  stériles. Dénués de tout, vous avez suppléé à tout. Vous avez gagné des courses sans vrai foulée, couru des fractionnés sans souffle, fait des courses forcées sans bonne chaussures, couru transis de froid  et parfois sous la pluie.

 

 Les coureurs au maillot vert,  les sprinters  voulant briser les chaînes de leur dépendance  étaient seuls capables de souffrir ce que vous avez souffert.

Mais coureurs, vous n'avez rien fait, puisqu'il vous reste encore à faire le 10 km ; Le 10 km n’est pas à vous. L’équipe  a droit d'attendre de vous de grandes choses: justifierez vous son attente ? Vous avez encore des courses à livrer, des tours  à engranger, des entraînements  à passer. Vous brûlez  tous de porter au loin la fierté de ce maillot vert; tous veulent  courir une course glorieuse, tous veulent en terminant,  pouvoir dire avec fierté: «J'étais de l’équipe au maillot vert»

 

.Coureurs, je vous la promets, cette course ; mais il est une condition qu'il faut que vous juriez de remplir, c'est de respecter le maillot  que vous porterez, c'est de donner le meilleur de vous sans mensonge alors cette  course sera votre Coureurs au maillot vert, l’équipe  est fière de vous

 

Bilan de la neuvième semaine


Voila c’est fini Alors que tombe la nuit C’était notre dernière semaine d’entraînements réels Une des plus belles Il n’est que temps Il y a longtemps Que je sentais venir cet instant Je ne trouve plus les mots Leurs pâleurs me renvoient A la chaleur de vos exploits Il n’en est pas d’assez beaux Pour faire revivre cette passion Pour peindre toutes ces émotions Le soleil, la pluie le froid Rien n’y a fait vous étiez toujours là Accrochés à vos rêves Vous battant pour un petit bout Rien qu’un petit bout Un petit moment de trêve Quoiqu’il advienne maintenant Vous avez déjà réussi Vous avez repoussé vos limites, Franchi, mille épreuves insurmontables Saviez vous seulement que vous en étiez capables Le pari était risqué Vous l’avez relevé Tels des grands Des très grands

Alors Je vais parler au nom de l’équipe du CSAPA pour vous dire que cela fut un plaisir une joie un honneur de vous accompagner dans ce combat, de vous suivre sur ce chemin parfois un peu rude certes mais la beauté est dans la difficulté souvent et la paix intérieure se mérite Vous avez gravé au feu de vos souffrances ce droit à l’espérance, ce droit à notre respect

Critères  de réussite et détails de l’action de prévention

 

Pour optimiser les chances de réussite il faut  choisir dans notre groupe de patients,( même si ce n’est pas une obligation, mais je pense que c’est facteur de réussite indéniable) un ou deux patients ayant un passé sportif

 

 C’est souvent le cas, dans notre population, les liens entre l’addictologie et le monde du sport sont nombreux.

 Cette présence permet aussi pour le patient d’avoir une passerelle entre le sportif et la personnalité addicte, entre le coach et eux puisqu’ils trouvent par le biais de ces 2 ou 3 patients une vision claire de la possibilité qu’ils ont de réussir puisque un des leur a réussi.

 

De ce cadre , l’intégration d’une année sur l’autre d’anciens coureurs ayant déjà participé au projet permet une symbiose, un contact et une capacité à adhérer au projet  à le suivre et à se sentir capable de le réaliser  très intéressante pour le nouveau patient.

 

N’oublions pas que ce projet a pour but , en ce qui concerne les patients, de leurs apprendre à respecter des objectifs à moyens termes et à être capables de se projeter et de progresser

 

Encore une fois , chaque entraînement, chaque limite liée au  monde sportif est mis en parallèle avec chaque difficulté, chaque épreuve passée dans le monde addictologique

 

La dernière partie de ce projet a une optique différente de part l’impact choisi et les populations ciblées  il ne s’agit plus ici de cibler des patients. nous entrons dans le cadre d’une action de prévention

 

Vous avez bien compris que le 10 km pour le patient finalement n’est qu’une excuse, c’est la phase d’entraînement qui pour lui est la plus importante.

Le jour de la compétition est une journée dirigée vers la population générale.

Le choix d’une course d’endurance  nous permet de cibler une population extrêmement variée et variable allant de 7 à 77 ans, homme, femme, sportif, amateur.

 Une espèce de panel en raccourci de notre société.

 

Le monde de l’endurance, de plus est un monde où l’on sait que l’effort compte plus que le temps et que le premier tout comme le dernier a souffert pour obtenir ce résultat et que le dernier a tout comme le premier droit au respect  de ses concurrents ou compagnons de course.

 

 Le terrain est donc facile à semer pour essayer de modifier les  représentations et les images véhiculées autour du monde de l’addictologie ( manque de volonté , personnalité asociale , pas de réelle implication ou envie de changement etc…) 

 

De ce point de vue le choix des maillots verts fluo (visibilité très forte), l’impact d’un groupe d’une trentaine de personne arrivant sur une course de 500 à 700 personnes est une réussite indéniable.

 

C’est dans cette optique  que le choix du maillot a toute son importance en dehors d’une couleur provocante et visible , le vert fluo , il fallait opter pour  des images fortes ( elles ne seront plus nécessaires dans quelques années la couleur et le maillot vert devenant le symbole des maladies addicts ) raison pour laquelle on été choisit après de nombreuses discussions au sein de l’équipe de floquer les maillots avec un symbole marquant certes l’interdit ( basé sur les panneaux d’interdiction du code de la route, un cercle rouge barré avec le logo du produit , feuille de cannabis, cigarette , un verre , une gélule  une seringue ) mais extrêmement repérable et identifiable par la population le tout intégrant un slogan positif : «  parce que l’indépendance c’est d’abord vivre sans dépendance»

 

Voir les spectateurs d’abord interloqués se transformer en fervents supporters est de ce point de vue  une des plus grandes réussites de ce projet

 

Si tant est qu’on arrive à l’étendre sur de grandes compétitions comme des semi-marathons, projet que nous avons pour 2012, c’est peut être  un outil novateur sur le plan de l’éducation à la santé

Une action de changement des représentations extrêmement efficace pour un coût moindre.

 

Dernier point enfin, la participation a une compétition ouverte nécessitait un droit a l’image accordé par les patients à l’organisateur de la compétition, nous avons intégré cette obligation à l’adhésion a une association validant en plus de la cession de leur droit a l’image  l’implication dans le projet, comme une espèce de contrat de soins

Bilan statistique de l’action

 

Quelques chiffres enfin pour conclure. L’année dernière (en 2010) , nous étions une quinzaine à une vingtaine à participer à ce projet.

 

Cette année ( projet 2011), nous avons été 69 participants. ( plus 300%)

 

Donc une capacité mobilisatrice forte, avec un impact indéniable sur notre population puisque ce projet a été proposé et a touché 12 a 15 % de la population fréquentant le CSAPA d’Aulnay sous bois

 

                       

 

 Il est intéressant de noter que tous les patients ayant couru le 10 km l’année dernière se sont réinvestis en tant qu’encadrant sur la deuxième partie du projet en 2011.

 

( un des bémols du projet est dans le risque de dé investissement ou de rupture du contrat thérapeutique en cas d’échec sur le terrain sportif, c’est un point limitant indéniable dont il faut tenir compte lorsque ce projet est proposé a un patient)

 

En 2011, le projet ciblant une population normale de CSAPA (en 2010 un filtrage avait été réalisé dans le cadre d’une étude de faisabilité , notamment dans la capacité d’un patient a gérer le regard d’un public , et aussi lié à l’absence de référentiel quant a la réaction de ce même public)

 a montré  une déperdition quand au nombre de patients repérés et présélectionnés.

 

Ils ont été  80 repérés  et 69 ont été présélectionné.

 

 Le différentiel sur ces chiffres est lié au refus immédiat  du patient lors de la proposition du projet, au perdu de vue ( entre la phase de proposition et la phase de pré sélection ), aux contre indications médicales et sportives repères au moment de la proposition essentiellement cardiaque , pulmonaire et rhumatologique)  a la faisabilité par le patient sur le plan social ( compatibilité entre les activités socio professionnels du patient et les horaires de la phase d’entraînements) aux rechutes ayant existées durant la phase de validation du projet ( phase ayant durée 3 mois)

 

Avant d’aller plus loin dans l’exploitation des résultats quels ont été les critères de sélection de ces patients, ou tout du moins,   a qui a t’on proposé cette action et pourquoi

-Certains éléments  sont subjectifs et lié au ressenti de l’équipe médicale du CSAPA

-Il a été proposé a tous les patients ayant participé a l’action en 2010 de s’inscrire a l’action de 2011

-de la même manière il a été proposé à tous les patients fréquentant le groupe de parole du csapa de s’inscrire

-Des inscriptions sur la base du volontariat ont aussi été proposés par le biais d’affiches et de certificats d’inscription mis à disposition sur l’accueil du CSAPA

- Critères sur la faisabilité sportive

- Critères sur la difficulté à avoir un suivi régulier ( avec les outils pré existants)

- ATCD connus de pratiques sportives anciennes

-Ancienneté relative du dossier la proposition étant faite au deuxième troisième mois de suivi

- Faisabilité dans le cadre de la consultation ( pas de problématiques addicts majeurs, intoxication aiguë, attaque de panique, état de manque, grosse difficulté sociale et ou psychologique)

- et bien sur intérêt médical avèré .Ont ainsi été exclu les patients parfaitement bien intégrés et suivis sur la structure

 

 Il ne faut pas oublier  aussi que pour 90% des pseudo inscrits la proposition a été faite durant le premier trimestre 2011 , excluant la file active des patients fréquentant le CSAPA après cette date

 

De la même manière il existe une déperdition  entre les patients  ayant  participé aux pré sélection (ils étaient 69) et les patients ayant débuté l’entraînement  ( ils étaient 44 inscrits )

 les causes d’abandons ici sont differentes :

            -un décès entraînant deux exclusions ( le patient et un membre de sa famille):

            -un déménagement

            - une raison familiale ( divorce)

            -un mariage le jour du 10 km

            -quatre perdu de vue          

            -une décompensation psychiatrique avec hospitalisation longue

            - deux rechutes addicts majeures sans rupture de suivi

         - trois contre indications médicales (insuffisance respiratoire , névralgie cervico brachiale invalidante et diabète mal équilibré)

            - trois refus différé exprimé par le patient sans rupture de suivi sur la structure

            - deux contre indications psychiatriques validées par le csapa quant àl’inaptitude à s’intégrer dans un groupe « thérapeutique »

            - un refus entraînant deux autres refus ( soutien familial) dans le cadre d’une réflexion thérapeutique mené par le patient

            deux abandons divers

 

Enfin il existe une différence  entre les patients ayant participé aux pré-sélections ( 44 patients) et les patients ayant été réellement jusqu’au bout dans le cadre de la participation à la course du 11 novembre 2011 (date du 10 km) ils étaient 31

 

. Ici les cause sont différentes , il  faut inclure notamment la notion de rechute ayant pénalisé deux patients n’ayant pu participer à l’épreuve finale, une blessure,  trois perdu de vue, une grossesse  et quelques ruptures de contrat thérapeutique  lié à un manque de progression sur l’échelle des dénis de Batel ( toute puissance) et un abandon lié à une vision trop négative d’un coureur non pas quant à son addiction mais lié à un surpoids non assumé, un arrêt pour mauvaise évaluation des difficultés médicales du patient ( cirrhose décompensée) et  enfin pour un patient une peur lié à l’exploitation de son image dans les médias

 

           

Dans le pire des scénarios, nous passons donc  de 69 patients pré sélectionnés  à une trentaine de patients participants  à la course finale et ayant validé l’ensemble du programme donc un taux d’adhésion et de réussite finale de prés de 40 %, pour cette outil thérapeutique

                                  

 

Le projet est aussi un moyen de fidéliser l’ensemble des patients lorsque l’on compare cette population de patients via la population des patients fréquentant le CSAPA sur une année, on s’aperçoit que le nombre de consultations moyenne et quasiment multiplié par 3.

 

 Nous passons d’une moyenne de 6 à 8 consultations et entretiens par an et à une moyenne de 15 à 20 consultations par an

 

De  même lorsque l’on regarde notre population spécifique ayant participé au projet, il s’avère également que le nombre de consultations pour ces patients participants  a augmenté par rapport aux suivis des années précédentes (tout du moins pour les patients connus depuis plus d’un an)

 

le taux des perdus de vue est également intéressant :

             Il est sur notre population présélectionné de 7 sur 69 soit 10% si on compare ce chiffre aux patients perdu de vue par la structure ( patients venue une seule fois sur la structure)  le pourcentage est de 167 sur 572 en 2010 soit 30% chiffre éloquent

 

Dans le cadre de ce projet, il est à noter qu’il semblait  préférable que les patients participants soient abstinents.

 

Il s’avère, au regard de l’expérience de 2011 que cette obligation n’est pas aussi insurmontable que cela puisque nous avons eu lors de nos trois mois de  projets réels, trois à quatre rechutes qui ont pu être gérées et pour lesquelles la participation aux entraînements et le fait d’être éventuellement non pas exclus mais en difficulté par rapport au respect de son programme a permis aux patients d’être des éléments moteurs plus pertinents quand à leur désir d’amélioration de leur comportement vis-à-vis du produit.

 

           

 

 Il est clair néanmoins que l’une des limites de ce projet en dehors de la nécessité d’une implication importante de l’équipe du CSAPA est :

            -  d’une part lié  une contre indication a la pratique du sport excluant de fait le patient (ce qui somme toute est assez rare en addictologie)

            - et d’ une image physique extérieure devant être relativement positive. 

 

Nous avons du malheureusement, non pas exclure mais différer la participation d’un patient à la course du 11 novembre eu égard à une rechute récente avec un marquage physique important, image qui aurait pu être perçue comme négative par les différents spectateurs.

 

En ce qui concerne l’impact sur la population général est il toujours difficile d’évaluer une telle action en dehors du nombre de participants 700 en 2011 (le jour de la compétition) et d’une vision qualitative de notre action :-non rejet , encouragement , visite du stand , questions sur notre action

 

Force est néanmoins de constater que non seulement nous n’avons pas été rejeté mais que nous avons été accueilli avec ferveur y compris par les organisateurs qui ont su faire le parallèle entre l’effort du sportif  et le combat de nos patients addicts

 

Chiffres divers

 

            -nombre de séances d’entraînements (  incluant  la course du 11 novembre) 39

            - écart type participation : maximum 39, minimum 2

            Population ciblé par le programme préventif  pendant les entraînements : une moyenne de 10 par entraînement, hors  le samedi ( soit 300 individus d’une moyenne d’age de 15 a 30 ans adhérant a des associations sportives pour 95% d’entres eux)

           

 

 

 A noter dans les  12 patients ayant couru moins de six fois  nous avons les 7 abandons et un de nos encadrant  cela nous permet de nous rendre compte que les abandons ont été très précoce dans le déroulement du projet donc probablement lié a un manque de motivation , une incompréhension de l’idée du projet en lui même par le patient ou une mauvaise vision de l’adaptation du projet au patient par l’équipe du CSAPA

 

                       

 

 

CONCLUSION ET PROJECTION

 

Beaucoup de questions se posent à l’heure du bilan définitif  de ce projet

 

            -Est il reproductible par une autre équipe, un autre groupe ?

 

            -Sa nature même liant effort physique et accompagnement  psychologique  est il un facteur limitant ou au contraire un formidable atout liant soignants et soignés dans un même combat ?

 

            -Sa complexité dans la réalisation liant : le soin et la prévention, son propre regard et le regard de l’autre sont ils une richesse ou un handicap ?

 Le mieux étant parfois l’ennemi du bien, lier soin et prévention dans un même projet peut parfois être mal perçu

 Je vous rassure pour les patients cela n’est pas un handicap, c’est un atout

  Faire reconnaître sa maladie et montrer sa capacité à réaliser un objectif sportif d’une indéniable difficulté au regard des spectateurs est un plus manifeste

 

            -La nécessité de pouvoir s’intégrer à une course officielle seul garant d’un programme de prévention touchant le plus de monde possible et liant aussi le patient à l’équipe ( nous parlons ici des deux équipes , l’équipe du CSAPA et l’équipe des coureurs) est il un facteur contraignant ?

 

            -L’implication essentielle du patient (ici du coureur) dans la réalisation même du projet est il un facteur limitant notamment dans la capacité de l’équipe à fixer les limites de son intervention et sa capacité à garder une image thérapeutique?

(Les limites devant exister dans un projet thérapeutique classique doivent ici être en partie niées entre le soignant et le soigné, sur la piste)

Chaque coureur qu’il soit encadrant, soignant, soigné ou soutien était l’égal de l’autre 

 La richesse thérapeutique du projet est dans cette vision particulière, dans cette démarche participative d’une équipe médicale et de patients unis et égaux sous la bannière du coureur

 

            -L’intégration de la famille est elle un atout ?

 

            -La nécessité d’avoir dans l’équipe des soignants et des patients coureurs d’un niveau acceptable (capable de courir un 10 km en moins de 50 minutes) est elle essentielle ?

 

            -L’intégration comme encadrant de sportifs amateurs d’un âge médian superposable à notre population apporte t’elle un plus dans le projet ?

 

            -La nécessité pour au moins un membre de l’équipe soignante d’être en capacité de lier l’entraînement sportif et ses valeurs au projet thérapeutique et à ses attentes est elle essentielle ?

 

            -Le blog est il un atout thérapeutique ?

 

Bref beaucoup de réponses à fixer sur la page blanche

 

Mais avant j’aimerais débuter par ces quelques mots qui sont en fait une réponse à l’ensemble des questions

Ce sont les derniers mots inscrits sur le blog de l’action (courseapiedetaddiction .jimdo .com) au soir du 10 kilomètres

 Ces quelques phrases maladroites  reflètent les pensées du médecin que je suis, mais aussi du coach, du coureur et du spectateur que j’ai été durant toutes ces semaines ou nous avons travaillés ensemble patients, équipe médicale, entourage familial et simples encadrants à la réussite de notre projet

 

Je reste sans voix devant un tel combat. Je vous savais forts, je vous connaissais sans peur
Je vous savais capables de reculer l’effort, de briser sereinement vos terreurs Mais je ne savais pas çà : Cette puissance dévastatrice, ces morceaux de bravoure, ces cris de joies effaçant tous les doutes


Chacun de vos pas, chacune de vos enjambées étaient un pas vers la liberté.

Un pas  dessinant notre fierté, fierté d’être là, simplement, juste pour partager un moment
Chaque seconde, chaque  minute de cette course que vous rendiez belle, renforçaient vos certitudes jusqu'à briser les murs meurtris de vos citadelles


Ce qui n’était qu’un bout de rêve fragile ou rien n était facile, un espoir ténu si vulnérable
vous l’avez transformé au feu de votre courage
Seul vous, en étiez capable ; vous avez fait une victoire de vos naufrages

Mais je perds mes mots, ils ne sont pas assez grands, ils ne sont pas assez beaux
Ma plume se tarit, l’encre se flétrit, Pale reflet de votre grandeur, elle frémit de peur devant tant d’émotions


Je ne saurais peindre tous ces instants où vibrait votre passion . J’entends encore le bruit de vos pas. On pouvait ressentir votre envie, elle était là. La force de votre souffle puissant
vous emportait  tel un torrent. La grandeur de votre foulée brisait  tous leurs préjugés
 Ce n’était plus un rêve, cet espoir vous l’avez changé en réalité en plantant vos maillots dans leur regard

Ces quelques mots destinés à l’équipe montrent  la richesse de ce projet dans la capacité que l’on a à se grandir, à aller au delà pour réussir 

 

Comme une émotion positive que l’on sait reconnaître et transmettre aux autres

 

En cela notre projet est à la fois un outil thérapeutique dans sa dimension personnelle et une action préventive tendant à changer les mentalités et le regard de la population encourageant ces coureurs dans leur combat contre la maladie et contre les kilomètres

 

Mais tentons de répondre à ces questions

 

1)Le projet est-il reproductif par une autre équipe ou un autre groupe ?

 

Dans l’absolu, il n’y a pas d’objection majeure à ce qu’un tel projet soit reproduit dans d’autres structures.

 

Les facteurs limitant possibles sont néanmoins liés à la capacité de l’équipe professionnelle à se mobiliser et à s’investir dans une activité physique et sportive et dans un milieu de travail différant loin du confort feutré d’un bureau

 

Une autre problématique est aussi  liée à la capacité de cette équipe soignante à accepter un projet participatif où les soignants sont à égalité avec les soignés, hors le positionnement d’un référent leader qui sur le CSAPA d’Aulnay est le médecin responsable mais qui sur une autre structure peut être un autre intervenant.

 

Cette reproductibilité dépend  aussi de la finalité de la structure et de son positionnement ; je pense en effet que pour les structures de bas-seuil ce projet est illusoire.

 

Par contre comme nous l’avons signalé plus haut, la problématique des rechutes et d’une abstinence avérée n’est pas forcément une contre indication à l’implication des patients dans le projet et donc une contre indication à la réalisation d’un tel projet pour une équipe soignante.

 

Eu égard au fonctionnement du groupe de patients sur le CSAPA d’Aulnay, en dehors de l’acceptation d’un contrat moral d’investissement  sur un tel projet ( via l’adhésion à une association sportif validant la charte des objectifs), il n’y a pas de spécificité particulière du groupe de patients géré par le  CSAPA  d’Aulnay le différenciant d’un autre .

 

Il semble néanmoins important de signaler qu’il est préférable que ce projet s’appuie sur des CSAPA généralistes ou pour le moins sur des CSAPA qui ont une vision addictologique. de la prise en charge

 

Un autre facteur limitant la reproductibilité par une autre équipe est liée néanmoins au profil  des patients, de par la nécessité d’avoir un ou deux vrais coureurs dans notre «  échantillon » Présence essentielle permettant au nouveau patient d’avoir un exemple de la faisabilité de l’acte par un des ‘leurs »   cette présence a valeur d’exemplarité

 

2/ Quand est-il maintenant de la nature du projet s’appuyant sur un effort physique et un  accompagnement psychologue et la mise en place d’un parallèle thérapeutique entre la préparation d’une compétition l’évolution de l’échelle de déni de l’échelle de motivation et de la progression du patient dans sa demande de réintégration sociale.( De par l’adhésion et l’implication dans un groupe devant devenir une équipe dans le cadre d’une action citoyenne de partage et  d’implication) ?

 

Eu égard au  déroulement du projet et à  l’impact indéniable d’une superposition des efforts sentis, ressentis, consentis sur le plan physique de leur adaptabilité à la vision addictologique et aux problématiques de maintien de l’abstinence des patients est manifestement quelque chose d’extrêmement intéressant.

Pourquoi, tout simplement parce que   le discours  centré sur un entraînement ayant pour but de progresser dans une démarche physique avec des objectifs à mi parcours et un objectif final se rapproche somme toute assez facilement de l’évolution de l’échelle de déni et de l’échelle de motivation de nos structures

.

Et c’est une autre manière pour les soignants d’aborder cette problématique hors l’éternelle question du contrôle ou de l’absence de contrôle du produit, des limites ou de l’absence de limite du patient

. De ce point de vue là, l’activité physique de par sa capacité à forcer le patient à accepter ses limites mais aussi de part la réalité d’une vision positive de ses progrès est un réel marqueur  différent de l’évolution de la problématique du patient dans la toute puissance ou dans l’abandon

 

3)Quand est-il de la complexité de ce projet dans la réalisation d’un objectif à la fois thérapeutique et préventif.?

 

En dehors de la nécessité d’avoir une équipe formée aux deux axes de prise en charge de cette problématique, cette complexité ne touche en fait que peu le patient, celui-ci adhérent symboliquement au projet  en début d’action, à la fois sur le plan thérapeutique mais également via un objectif final quant  sa participation à une course officielle avec un maillot spécifique ciblant son addictologie dans le cadre d’une option visant a changer la représentation du patient addict dans la population générale.

 

Il est clair que ce facteur préventif est un facteur militant indéniable d’adhésion au projet pour  certains patients au stade du premier investissement au moment de la construction du projet. ( même si certains patients non pas une vision exacte de la symbolique très forte lié au port du maillot dans une course officielle

 

En effet, il peut être clairement difficile pour un patient d’accepter d’être perçu comme un patient en difficulté avec un produit par le reste de monde en l’afficha,nt de manière provocante.

 

Il est néanmoins indéniable que si l’on arrive à faire céder cette barrière, c’est encore une fois un plus thérapeutique pour le patient.

 

 En ce qui concerne l’axe préventif, cette année a validé de manière définitive l’impact  positif  qu’une telle action peut avoir sur une population quand à la modification de ses perceptions.

 

En cela, le choix d’une course officielle, le choix d’un 10 km, le choix de maillot de couloir criante avec des logos et un discours simple permet à la population de repérer ce type de population, de visualiser leurs difficultés et de se rendre compte que ces patients ( qu’ils regardent souvent comme des patients désocialisés dont le manque de volonté et l’envie de soins est loin d’être évidente)leurs donnent  une autre image d’eux et de leur maladie

 

 La vision de patients courants, souffrants pour arriver a courir et terminer un 10 km (qui  est ressenti  par la population générale comme un objectif difficile dont ils ne se sentent eux même pas forcement  capables),

repositionne le patient dans toute sa complexité et dans toute sa grandeur pour ces spectateurs.

 

 De ce point de vue là l’appui sur des associations sportives gérant la compétition officielle est un facteur fédérant  essentiel permettant de modifier les représentations en axant leur discours sur le parallèle entre l’effort des sportifs et l’effort des patients.

 

C’est sur ce terrain  qu’il semble essentiel que le projet s’appuie sur la participation à une course officielle

 

Cela peut être un facteur limitant s’il s’avère que le CSAPA qui recherche une publicité et une manière de ce faire connaître sur sa zone géographique d’influence. ne trouve pas  ce type de compétition sur sa zone

 

 Dans le cadre d’un changement de représentation plus globale dans la région parisienne, île de France notamment, les courses officielles de cette distance sont suffisamment nombreuses pour permettre de les intégrer assez facilement. Le seul facteur limitant est alors dans  la participation financière éventuelle à de telles courses.

 

4)Qu’en est-il de l’implication du patient et de la famille ou de l’entourage dans la réalisation du projet ?

 

. Une des vertus de ce projet est d’avoir réfléchi avec les patients à la réalisation de ce programme  prenant le contre pas classique de la proposition d’un projet déjà validé par une équipe à un groupe de patients.

 

Cette implication du patient dans la réflexion l’amenant à participer et à éventuellement modifier les grand axes de ce projet, que cela soit en terme d’entraînements ou d’images lors de la course officielle est un facteur essentiel.

 

Cette année, l’implication de la famille a été aussi un élément majeur de la réussite de ce projet, d’une part sur le volet préventif, permettant à la population générale de voir qu’un patient en difficulté avec un produit n’était pas forcément rejeté par sa famille puisque des coureurs en T-shirts spécifiques soutien familial étaient présents.

 

Le regard de la famille est aussi quelque chose d’important  notamment pour les patients inscrits sur le projet

 

Cette épreuve sportive  lui permettant de montrer à cet entourage qu’il est capable de se réaliser et de se sublimer pour arriver à un objectif rendant pour une fois une image positive de lui et  qui n’est pas forcément liée à sa problématique médicale

 

Donc la participation de l’entourage familial (si elle est validé par le patient) est non seulement  un facteur valorisant pour la population assistant à l’action mais également pour les coureurs.

 

Reste la problématique majeure de la capacité de l’équipe soignante à fixer des limites dans un groupe ou le leader naturel se doit d’être le plus fiable possible puisque l’un des intérêts de ce projet est de fédérer les patients et l’équipe soignante autour et dans la construction dune ’équipe sportive qui donc de fait écrète les différences entre soignants et soignés .

 

La solution nous est donnée par le monde sportif avec la spécificité et les limites facilement imposées par un entraîneur, ici le coach sur le reste de l’équipe

Pour reprendre le parallèle avec les groupes thérapeutique le coach a le positionnement du leader.

 

5)Quant est il d’autres facteurs ?

 

Un des facteurs limitant très probablement insurmontable de ce type de projet est d’avoir un ou deux intervenants de l’équipe du CSAPA qui soient  de  véritables coureurs (donc savoir être capable de finir un 10km en moins de 50 minutes, voir un semi-marathon en moins d’une 1h50) afin  d’être crédible auprès des patients .

 

Il est aussi indéniable et intéressant d’avoir ce même type de profil chez au moins un coureur soignés, ce qui permettra aux autres membres de l’équipe d’avoir deux images très claires de la possible réalisation d’un tel objectif .

 

Le coureur soigné capable de courir une distance de 10km avec des temps acceptables est aussi essentiel au projet que le coach coureur notamment dans la capacité qu’il a de montrer aux autres soignés que le projet est réalisable.

 

Il est aussi intéressant de remarquer que l’intégration dans les coureurs d’encadrants n’appartenant pas au monde de l’addictologie  est aussi un plus indéniable banalisant l’action auprès des patients qui se sentent redevenir des citoyens comme les autres.

 

6)Le blog, est il un outil thérapeutique ?.

 

Cette année, il a montré sa richesse.

 Il permet en dehors des séances de débriefing suivant tous les entraînements de réfléchir aux progrès, à l’application et aux programmes thérapeutiques intégrés au projet

il inscrit dans la durée la progression du patient

 il valorise l’image du patient

il permet le partage des moments forts de chacun  dans les joies et les peines

symbolise et renforce l’esprit d’équipe

 

Cela entraîne malheureusement  un surcoût financier mais aussi matériel et de compétences indéniables.

 

Donc pour mettre un point fina :l un projet certes dur et complexe, devant s’appuyer sur une équipe soignante solide et acceptant une démarche participative et citoyenne du patient mais très probablement reproductible

 

Dr Tieghem pascal addictologue ,

Praticien hospitalier chef de service 

Président de l’association CERCA

 

A Aulnay sous bois le 05 janvier 2012